La rancon du mensonge by Peter Temple

Auteur:Peter Temple [Temple, Peter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Martie Harmon travaillait chez Hayes, Harmon & Colero, un cabinet d’avocats de South Yarra, dont les bureaux jouxtaient un restaurant thaï.

« Mark s’est prétendument associé à lui pour deux ou trois affaires pas inintéressantes, me dit Barry d’une voix brève, m’appelant au téléphone depuis sa voiture, à sept heures et quart du matin. L’une consistait à importer du caviar de la mer Caspienne, tout un container. D’après ce que j’en sais, ils ont payé d’avance, une somme énorme, sur quoi les Russes leur ont envoyé un container de chair de poisson. Ne quittez pas, j’ai un autre appel. »

De la musique, quelques notes de piano maladroites, une suite d’accords. Je mangeais des toasts tartinés au beurre de Normandie et à la marmelade d’orange amère écossaise en observant le jardinier, en l’occurrence une femme mince vêtue d’un ciré, choisir des fleurs à couper dans le jardin d’agrément, devant Garden House. Sentant mes yeux sur elle, elle se détourna et me salua d’un signe de tête.

Barry, de nouveau. « Oui, Frank, Martie Harmon. Martie et Mark avaient aussi imaginé de vendre un système de contrôle anti-émeute sud-africain à des Indonésiens. Je ne sais pas comment ça s’est passé.

Je pensais que les Indonésiens possédaient déjà des mitraillettes. C’est à Stephanie que je dois ces informations. Tom finit par payer, et se confie à elle.

— Et elle à vous », dis-je, me le reprochant aussitôt.

Je percevais la musique qui passait sur son autoradio stéréo : une symphonie.

« Quelque chose me dit que vous allez finir par en savoir plus sur cette famille qu’on ne l’aurait souhaité, fit-il. On aurait peut-être dû vous faire signer une clause de confidentialité.

— Considérez qu’elle l’est », dis-je, en signe d’apaisement.

Dès le début de la matinée, j’étais chez Martie Hamon. Pas de temps à perdre. C’était un homme d’une quarantaine d’années, petit, grassouillet, avec des lèvres très rouges, qui avait décidé de régler son problème de calvitie en se rasant entièrement la tête.

« Asseyez-vous, M. Calder. En quoi puis-je vous aider ? » Il avait un sourire agréable, chaleureux.

« Cela concerne Mark Carson. Je suis mandaté par sa famille. Ils sont inquiets. »

Le sourire disparut, et il émit un rire bref, brutal, sarcastique. « Mark. Ils sont inquiets ? Mark inquiète beaucoup de gens, croyez-moi. Je n’ai absolument plus rien à faire avec Mark. Je n’ai absolument plus rien à dire à propos de Mark. Je n’ai absolument aucune envie de parler de Mark. Point final. »

Je parcourus le bureau des yeux, m’arrêtant sur les divers cadres accrochés : un diplôme, un document portant le logo du Rotary, une photo de fin d’année universitaire.

« Voilà, fit-il. Et maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai beaucoup de travail. »

Je demeurai parfaitement immobile, les mains sous le bureau, le regardai droit dans les yeux, puis baissai le regard, puis revins sur lui, me concentrant sur l’arrière de son crâne, sans ciller.

Il craqua.

« Mais c’est quoi, ça, c’est de l’intimidation ? Ça ne marchera pas, mon pote. Les Carson peuvent aller se faire foutre.

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